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Ces femmes Congolaises qui se démarquent dans l'Entrepreneuriat

Betty Mulanga Kadima Nkashama : Femme aux multiples casquettes (Kinshasa)

 

 

Licenciée en gestion marketing puis en droit des affaires, Betty Mulanga Kadima Nkashama est à la tête de deux entreprises : Paumubert Business axée sur la restauration puis la pâtisserie et Axia Corporation, une entreprise de transformation agroalimentaire et cosmétique.

Axia Corporation produit du jus des fruits, des plantes médicinales et du vin, de la poudre dentaire et pour gommage à base de la cendre de bois, des huiles pour la peau et pour les cheveux, des épices, des savons à base de maïs, manioc, moringa, curcuma, gingembre, carottes et autres plantes.


Betty Mulanga Kadima Nkashama  est également  l'initiatrice et la  coordonnatrice de la Foire Kitunga, Présidente Nationale de l'Association des Femmes Entrepreneurs du Congo AFEECO» , Présidente du Collectif d'Entrepreneurs Transformateurs du Congo« COLETCO», Secrétaire Générale à la Plateforme de l'Entrepreneuriat Féminin en Rdc « PEF/RDC», Directrice et Formatrice Principale au Centre de Formation Paumubert, Fondatrice du Collectif des Jeunes pour les Résultats« COJERES», Directrice de l'agence «Black Mamba», Experte nationale au CNIRA, à la CNFE/AEFE, Union Africaine, et Experte auprès de différents ministères et organismes.

Elle a partagé son expérience avec 50MAWSP



50MAWSP : Madame Betty, pourquoi avez-vous choisi l’entrepreneuriat ?

Betty Mulanga : Je me suis lancée très jeune dans l’entrepreneuriat suite à mon goût à l'indépendance, car je suis quelqu'un de très autonome et libre dans mon esprit. Et par rapport à mes ambitions futures, je dois être très riche pour faire entendre ma voix ! Car comme dit-on, on ne prête qu'aux riches !

50MAWSP : Quels ont été les challenges de votre parcours vers la réussite ?

L'épreuve la plus compliquée que j'ai rencontrée dans mon business c'est le fait d'avoir perdu une partie de mon immeuble suite à mes locataires libanais, envieux du lieu, qui  m'ont proposé de leur vendre la partie, ayant refusée leur proposition, ils vont s'allier avec le conservateur mafieux des titres immobiliers, qui après avoir été corrompu par eux, va leur faire de faux titres puis ils me colleront un procès pendant cinq ans,  procès qui me conduira à la perte d'une partie de l'immeuble, partie abritant toutes mes activités commerciales( hôtel, restaurant, discothèque et locataires), me laissant un espace vide sans construction ; Alors que j'avais emprunté dans les banques pour bâtir mon empire ;Je suis passée par des impaiements, jusqu'au point d'être indexée par mes banques, j'ai perdu ma crédibilité, auprès de certains fournisseurs... Au bout de cinq ans de procès interminable, j'ai repris courage, je me suis relevée grâce à la foi en Dieu, l'appui de mon mari ainsi que mes enfants qui m'ont soutenu pendant cette dure épreuve.

 

50MAWSP : Comment avez-vous surmonté cela ?

Betty Mulanga : J'ai recommencé à zéro, grâce à Dieu, j’ai diversifié mes activités en y ajoutant l’aspect de la transformation des produits locaux, j'ai construit l’espace vide, puis je me suis formée en droit des affaires, jusqu'à devenir juge au tribunal de commerce, pour rendre justice aux femmes qui subissent de l'injustice dans le droit de propriété et autres.

50MAWSP : Est-ce que vous rencontrez toujours des obstacles dans vos affaires ?

Betty Mulanga : Les obstacles que je rencontre dans le business sont nombreux entre autres :  l'inflation des dollars qui nous empêchent d'évoluer, l'accès au financement qui reste difficile pour relever les entreprises en difficultés, les taxes multiples que l'on ne cesse de créer, car il est difficile de faire un budget ferme sur plusieurs mois à cause de la flambée des prix à tous les niveaux.

50MAWSP : Que faut-il pour être entrepreneur en RDC

Betty Mulanga : Être entrepreneur en RDC, il faut avoir de nerfs solides, car chaque jour, on est exposé à l'Avc..., pour réussir, il faut beaucoup de tacts

50MAWSP : A votre avis quel est le secret de votre réussite

Betty Mulanga : Le secret de ma réussite est dû à la foi en mon Dieu qui ne cesse de m'inspirer, car on m’appelle la femme aux mille bras ; à cause de toutes mes casquettes.
Je ne crains pas le faible commencement, et j'ai le goût du risque ! Je suis déterminée et je n'abandonne pas, je crois à ce que je fais, je fonce même quand je sais que le chemin est parsemé d’embûches.

50MAWSP : Quel est votre avis par rapport à l'entrepreneuriat en RDC ?

Betty Mulanga : Je pense que l'entrepreneur congolais a forgé son propre chemin qui lui a permis d’émerger, cependant il manque encore d’accompagnement de la part du gouvernement et des subventions de l'état. Le gouvernement devra vraiment œuvrer avec nous pour nous permettre aussi d'exporter en ratifiant les accords passés avec différents pays, en vue de nous permettre de bénéficier de tous les avantages prévus dans les différents accords signés, mais pas encore ratifiés jusqu'à à ce jour.

50MAWSP : Un petit conseil aux femmes entrepreneure qui vous lisent ?

Betty Mulanga : A tous les entrepreneurs et particulièrement à la femme entrepreneure, je conseille la détermination, de ne pas baisser les bras, de continuer à travailler, d'investir de son temps à son entreprise, sachant qu'il y a des gens qui apprécient ce que vous faites et ils vous surprendront.

De croire en Dieu, de préparer la relève en incitant et en impliquant sa famille (les enfants) premier partenaire sûr dans le business !

Que Vive l’Entrepreneuriat féminin !

 

Congo Call Center, le fruit d’un travail en équipe (Kinshasa)

 

 

 

Congo Call Center est le premier centre d'appel indépendant de la République démocratique du Congo. Ses 300 employés gèrent des lignes d'assistance téléphonique pour les entreprises clientes en lingala, swahili, français et anglais.

 Le centre d'appel fait partie du groupe First & Future Enterprises, dirigé par deux femmes ambitieuses, Annie Kwangu et Huguette Bakekolo. Ces deux combattantes ont prouvé que travailler en équipe est plus avantageux, elles partagent leurs expériences

 

50MAWSP : Parlez-nous de votre parcours ?

 

Annie Kwangu : Je suis Directrice Commerciale et fondatrice de Congo Call center, une société spécialisée dans la gestion de la relation client.

 

J’ai débuté ma carrière dans les sociétés de Télécommunications en 1990 dans le secteur commercial ou j’ai gravi différents échelons (chargé du recouvrement – délégué commercial – chef de service commercial pour terminer en tant que Directeur des ventes) avant de monter notre structure ou j’évolue depuis 2010.

 

Chez Congo call center, nous gérons un call center de plus ou moins 300 positions avec un portefeuille de 30 clients répartis dans différents domaines : Telecom – banque – aviation – Concessionnaires automobiles – Ong ….

 

Je suis en charge du portefeuille clients, mon rôle est de m’assurer que tous les clients gagnés sont satisfaits et que les objectifs assignés sont atteints. J’ai également la charge de m’assurer de la qualité de notre collaboration avec nos partenaires.

 

Ma passion je la tire dans :

- la satisfaction de mes clients

- l’atteinte des objectifs assignés

- La passion d’être au service des autres.

 

Huguette SAMU : Nous assistons nos différents partenaires, en leur fournissant un support permettant de rester en contact permanent avec leurs clients. D’autre part, nous réalisons des études de marchés, des études de satisfaction clients ainsi que des enquêtes barométriques pour permettre à nos partenaires de jauger la qualité de leur service ainsi que la satisfaction de leurs clients et déterminer les leviers à pousser pour arriver à satisfaire leur clientèle.

J’occupe le poste Directrice des Opérations dans la boite et entant que telle, j’organise le travail sur terrain, en élaborant les questionnaires, en organisant les équipes, et en supervisant la réalisation des différents rapports d’analyse des campagnes d’appels entrants et sortants que nous effectuons.

Bien qu’ayant une formation d’architecte d’intérieur au départ, je me suis découvert une passion dans la gestion de la relation client.

50MAWSP : Quelle a été l'épreuve la plus compliquée à surmonter depuis que vous dirigez votre entreprise ? 

Annie et Huguette : L’épreuve la plus compliquée a été la recherche des partenaires financiers et trouver les bons collaborateurs.

50MAWSP : Pourquoi vous êtes-vous lancé dans l’entrepreneuriat ?

Annie Kwangu : Après avoir travaillé durant 20 ans dans les sociétés multinationales et après avoir acquis les compétences nécessaires, j’ai senti le besoin de créer ma propre structure d’abord pour être mon propre patron et orienter les choses selon ma vision, Ensuite pour donner la chance aux jeunes d’avoir la petite expérience exigée avant d’être embauché.

Huguette Samu : Pour me permettre d’être plus libre de la gestion de mon temps. Mais il est vrai qu’avec l’évolution de l’entreprise, je ne suis plus totalement maitre de mon temps.

50MAWSP : Qu’avez-vous accompli jusqu’ici en tant qu’une équipe des femmes Entrepreneures ?

Annie Kwangu : Nous avons installé le 1er centre d’appels indépendant en Rdc où nous avons formés plus de 1000 jeunes dont certains sont aujourd’hui placés dans plusieurs sociétés de la place et d’autres sont cadres d’entreprise.

50MAWSP : Quels ont été les obstacles que vous avez rencontrés entant que femme au cours de votre parcours ?

Annie Kwangu : En tant que femme, l’obstacle majeur au début de ma carrière a été la reconnaissance de mon travail par les collègues hommes.

Huguette Samu : Ne pas être prise au sérieux parce qu’on est femme et africaine, dans un domaine innovant.

50MAWSP : Comment avez-vous réussi à franchir ces obstacles ?

Annie Kwangu : Par la rigueur et la qualité du travail.

Huguette Samu : En persévérant et s’appliquant à fournir un travail de qualité. Cela passe par la formation, l’auto-formation, par la discipline et la rigueur.

50MAWSP : Quel est votre secret de réussite ?

Annie Kwangu et Huguette Samu : La rigueur, le respect des engagements, la qualité du travail, la persévérance, la formation et être toujours à l’écoute.

50MAWSP : Quelle est votre vision par rapport à l’entrepreneuriat féminin en RDC

Annie Kwangu : Voir les femmes s’impliquer davantage dans tous les domaines d’activités (Service – Finances -Hautes technologies) …si nous voulons compter et faire partie des décideurs.

Huguette Samu : Je pense que les femmes, en général, ont naturellement un don pour la gestion et l’organisation. En RDC, beaucoup de femmes commencent très jeunes à se « débrouiller ». Elles sont dans des business informelles.  Il est donc possible avec un peu d’encadrement de passer de petites débrouilles à solides entreprises.

50MAWSP : Quels conseils prodiguerez-vous aux femmes entrepreneures et celles qui aspirent à l’entrepreneuriat en RDC ?

Annie Kwangu : Elles doivent d’abord connaitre leurs forces et leurs faiblesses, identifier ce qui les motive.  Ensuite se former sur les connaissances élémentaires du secteur dans lequel elles veulent se lancer enfin faire un plan d’affaires qui tienne compte de tous les paramètres avant de se lancer.

Huguette Samu : D’être rigoureuse et d’avoir foi en ce qu’elles font.

50MAWSP : Trois mots d’encouragement ?

Annie Kwangu :

Ayez confiance en vous

Soyez persévérantes 

Soyez exigeantes et rigoureuses 

Huguette Samu : Go for it !

 

Jeannette LONGA MUSUAMBA, 31 ans d’expérience dans l’entrepreneuriat, une combattante qui s’est tracéé le chemin malgré les obstacles (Kasai Oriental)

 

 

Dans un domaine dominé largement par les hommes, Jeanne Longa Musuamba a su percer et se faire une place. Fondatrice des établissements NKALO dont les activités principales sont la vente des produits pétroliers et d’agriculture dans la province du Kasaï Oriental. Du haut de ses 31 ans d’expérience dans l’entrepreneuriat, Jeanne Longa Musuamba détient une station-service pour la vente des produits pétroliers (gasoil et essence).

 

50MAWSP : Parlez-nous de vous en détail ?

 

Jeannette LONGA MUSUAMBA : Je m’appelle Jeannette LONGA MUSUAMBA, fondatrice des établissements NKALO dont les activités principales sont la vente des produits pétroliers et d’agriculture. Je détiens une station service pour la vente des produits pétroliers (gasoil et essence).

Je dispose également de 250 hectares dont 40 hectares sont cultivés ce jour dont 5 hectares de palmier. Les cultures principales sont : les palmiers, le maïs, le manioc, le soja et le niébé. Tout ces produits sont vendus en produits transformés. Les maïs et manioc en farine, le soja en lait et les noix de palme en huile de palme et huile palmiste.

Mon rôle est d’accompagner les femmes les plus démunies à devenir des femmes entrepreneurs sans complexe vis à vis des hommes.

Après avoir suivi une formation d’esthéticienne à l’EBS en 1985 et obtenu un brevet en gestion d’entreprise en 1987 à l’Institut National de l’Informatique de Gestion d’Entreprise (INIGE), J’ai créé en 1989 mon entreprise Etablissements NKALO. Celle-ci a débuté par un dépôt de vente de boissons (bières et boissons sucrées) et une alimentation.

Ensuite, les activités ont évolué vers la distribution des produits pétroliers de SEP CONGO d’une part avec mon propre camion-citerne, et dans le transport des produits agricoles de l’intérieur du pays vers la capitale Kinshasa.

Je suis membre de la Fédération des Entreprises du Congo (FEC), j’ai été présidente du comité des femmes entrepreneurs de ma province le Kasaï Oriental et je suis élue comme 2ème vice-présidente de la Fédération des Entreprises du Congo à Mbujimayi (toujours dans la province du Kasaï Oriental).

J’ai obtenu un brevet de formation en agriculture indépendant de Développement (AID). J’ai suivi plusieurs formations entre autre formation sur le leadership féminin avec NDI et USAID, formation sur la femme face au sens du devoir dans la gestion des affaires publiques, une fois élue, formation avec ACCES dans les affaires (Formatrice), plusieurs formations avec CTB dans le cadre d’encadrement des femmes paysannes au Kasaï – Oriental. J’ai participé à plusieurs forums en Afrique et Europe dans le domaine des affaires, plusieurs formations avec la FEC, avec la Coopération Technique Belge (CTB) qui est aujourd’hui ENABEL, avec USAID et avec ONU Femmes.

Les formations avec USAID et ONU Femmes sur le processus électoral m’ont permis d’acquérir les connaissances nécessaires pour mener ma propre campagne électorale en 2018 sur fonds propres dans ma circonscription de Katanda. Et tout cela, sans complexe devant le regard des hommes. Le résultat est qu’aujourd’hui 4ème femme élue Vice-Gouverneur de la province du Kasaï Oriental.

J’ai été aussi, de 2013 en 2018 : Juges Consulaire au Tribunal de Commerce de Mbuji-Mayi.

50MAWSP : Quelle a été l'épreuve la plus compliquée à surmonter depuis que vous dirigez votre entreprise ? 

Jeannette LONGA MUSUAMBA : L’épreuve la plus compliquée a été mon mari. Il était un ingénieur civil des mines de formation. Quand il a démissionné de ses fonctions à la MIBA, je lui ai cédé la Direction Général de l’entreprise entant qu’époux. C’est là que les complications ont commencé parce qu’il n’était pas commerçant par conséquent nous ne partagions pas la même vision sur la gestion de l’entreprise. De ce fait, j’ai dû persévérer dans ma vision pour devenir la patronne d’entreprise que je suis aujourd’hui.

 

50MAWSP : Pourquoi vous êtes-vous lancé dans l’entrepreneuriat ?

 

Jeannette LONGA MUSUAMBA : Depuis mon jeune âge, j’ai toujours aspiré à devenir une femme commerçante chef d’entreprise. Et j’ai été inspirée par les “NANA BENZ” du Bénin.

Avec l’agriculture, c’est par mes voyages avec mon mari aux USA que j’ai eu l’occasion de visiter les champs de l’ancien Président Jimmy Carter et cela m’a poussé à m’investir dans l’agriculture.

 

50MAWSP : Qu’avez-vous accompli jusqu’ici en tant qu’Entrepreneurs ?

 

Jeannette LONGA MUSUAMBA : Après 31 ans d’entreprenariat, je suis la patronne d’une entreprise (NKALO) dont le chiffre d’affaire et le revenu croissent constamment, les employés sont payés régulièrement (ce qui n’est pas évident au Congo), paie les taxes avant les délais et participe activement à la croissance économique de la Province et au bien-être de la population locale par des dons afin d’aider les plus démunis.

 

50MAWSP : Quels ont été les obstacles que vous avez rencontrés entant que femme au cours de votre parcours ?

Jeannette LONGA MUSUAMBA : Les hommes sont un grand obstacle car dans nos us et coutumes, la femme qui entreprend comme un homme et qui réussit n’est pas vu d’un bon œil. Et donc j’ai dû faire et je continue à faire face à des oppositions d’hommes.

L'instabilité monétaire du pays est un obstacle majeur car réajuster des prix très volatiles est toujours désagréable lorsqu’on gère une entreprise dont on ne cherche qu’à maximiser le profit.

L’instabilité politique est un autre obstacle de taille car le Congo a connu de fortes perturbations politiques qui ont entraîné des crises économiques qui sont des situations très difficile pour maintenir une entreprise profitable.

 

50MAWSP : Comment avez-vous réussi à franchir ces obstacles ?

Jeannette LONGA MUSUAMBA : J’ai franchi ces obstacles en restant fidèle à mes convictions et par la persévérance.

 

50MAWSP : Quel est votre secret de réussite ?

Jeannette LONGA MUSUAMBA : Mon secret pour réussir est de persévérer dans la réalisation de ma vision, et ce peu importe les circonstances.

 

50MAWSP : Quelle est votre vision par rapport à l’entrepreneuriat féminin en RDC ?

Jeannette LONGA MUSUAMBA : Ma vision est de voir de plus en plus de femmes entrepreneurs en RDC et de les voir réussir autant que les hommes. Il faut que nos us et coutumes ne soient plus un frein pour les femmes de mon pays et que les hommes puissent être favorable à l’émergence des femmes dans le monde de l’entreprenariat.

50MAWSP : Quels conseils prodiguerez-vous aux femmes entrepreneures et celles qui aspirent à l’entrepreneuriat en RDC ?

Jeannette LONGA MUSUAMBA : Les conseils que je prodiguerais aux femmes en RDC sont de rêver grand, de se former et de réaliser ce rêve en y travaillant sans relâche.

50MAWSP : Trois mots d’encouragement ?

Jeannette LONGA MUSUAMBA : Rêver, Travailler, Persévérer

 

 

Entrepreneuriat Féminin : Eudoxie Nziavake Saanane révolutionne la couture dans le Nord-Kivu

 

Couturière de profession, Eudoxie NZIAVAKE SAANANE, est fondatrice et Présidente Directrice Générale de Emido Confection à Goma dans la Province du Nord Kivu, une firme qu’elle a su bâtir de ses propres efforts. Elle s’est démarquée par sa passion en coupe et couture mais aussi et surtout par sa persévérance dans une zone qui a connu des conflits armés à répétition. Elle tient le goût d’entrepreneur de son père.

50MAWSP est allé à sa rencontre pour un entretien

 

50MAWSP : Parlons-nous d’EMIDO confection et ses débuts.

Eudoxie Nziavake Saanane : j’ai terminé mes études en 1987à l’Institut Supérieur des Arts et Métiers de Kinshasa et j’ai à la même monté un atelier EMIDO CONFECTION dans la commune de Bandalungwa, Quartier Makelele sur l’avenue Kansavu no 29. 

Deux ans plus tard, j’ai donc décidé de rentrer à Goma afin de réaliser mon rêve celui d’ouvrir l’atelier de confection laquelle ouverture a été précédée   déjà par l’étude du marché. Le goulot d’étranglement à l’époque a été    le ravitaillement en matériels de couture notamment la doublure utilisée provenant essentiellement des jupes de friperie achetées au marché.

Je m’étais vue obliger de passer commande des matériels de couture à Kinshasa. Mais, Il faut reconnaitre que l’élément déclencheur est la partie théorique de mon travail de fin d’Etudes qui a consisté à mener une recherche sur les matériels de couture et cela m’a encouragé à ouvrir une mercerie pour vendre les matériels de couture.

Ce n’était pas facile ! Dans La partie pratique j’ai cousu une robe en tissu pagne garni de raphia pour la cérémonie de la Reine dans le pouvoir coutumier. Grace cet exploit, quelques années plus tard, cela m’a valu le voyage à Kampala en Ouganda et voir même à importer à partir de l’Ouganda, Kenya, Rwanda et plus tard de Dubaï.

50MAWSP : Pourquoi vous vous êtes lancé dans l’entrepreneuriat ?

  1. N.S : C’est depuis le bas âge que je me suis toujours intéressée au travail de mes parents ou mieux à ce qu’ils faisaient. Mon père était commerçant et détenait une boutique et ma mère, était aussi commerçante.

 Ils nous initiaient au commerce surtout à la gestion.

Et Pendant les vacances, maman me donnait des arachides à vendre, et après les vacances elle calculait les bénéfices reçus. A l’école secondaire et à l’Université, j’avais toujours quelque chose à vendre et cela m’a permis de développer l’esprit d’autonomie car je rêvais toujours de devenir une femme autonome.

50MAWSP : Pourquoi avez-vous choisi la coupe et couture ?

E.N.S : Mon choix de faire la couture, vient des questions que je me posais et qui ne trouvaient pas de réponse. Je cherchais toujours à comprendre comment un tissu découpé pouvait produire un habit ; « Etait-ce un miracle » ? Ce questionnement, qui était assez particulier et très significatif pour moi m’a amené à faire la coupe et couture contrairement à d’autres qui le font par contrainte.  Plus encore, sachant que la couture étant libérale, je marchais vers mon rêve, celui d’avoir une activité personnelle.

50MAWSP : Qu’avez-vous accompli jusqu’ici en tant qu’entrepreneure ?

ENS : Dans mon domaine ; j’ai monté un atelier de couture moderne où je fais des créations à partir des motifs du tissu.

Souvent, en m’inspirant de certains sites internet, j’ai toujours essayé d’innover dans mon secteur d’activité. En outre, j’ai aussi formé des jeunes abandonnées qui n’ont pas eu la chance de poursuivre leurs études.

- J’ai ouvert une maison de vente des matériels de couture. La maison EMIDO est une entreprise légale de droit congolais. Aujourd’hui, je suis très active dans les réseaux sociaux pour faire connaitre EMIDO. Je suis formée en programme ACCES de la FEC.

En tant que formatrice certifiée, je forme dans l’entrepreneuriat et accompagne les femmes dans l’épargne et crédit « AVEC » pour leur  autonomisation .

50MAWSP : Quels ont été les obstacles que vous avez rencontrés entant que femme au cours de votre parcours ?

E.N.S : Les travailleurs étaient un casse-tête ; ce n’était pas facile de trouver un couturier stable qui puisse aider à faire prospérer l’atelier. Il y a multiplicité des taxes comme les impôts, la taxe de la mairie, de l’environnement, de l’urbanisme et j’en passe ; il fallait perdre une ou deux heures pour s’entretenir avec les agents percepteurs, et enfin la clientèle ; ce n’était pas facile d’imposer le vrai prix suite à la qualité de matériel à utiliser.

En RDC, la femme n’a pas accès au crédit dans les structures financières, par manque des garanties et des hypothèques à présenter. La femme de classe moyenne est plus de la moitié de la population, elle domine l’économie et travaille dans l’informel. Dans ce cadre, elle n’est pas compétitive sur le marché mondial. La femme qui a accès à l’information constitue une minorité. Il y a aussi la répétition des guerres et l’insécurité qui bloquent les initiatives louables, la production est limitée et cela réduit la possibilité du progrès. Nous avons encore la chance d’avoir les produits bio en RD Congo

50MAWSP : Comment avez-vous réussi à franchir ces obstacles ?

E.N.S : J’ai formé quelques jeunes et ils ont travaillé dans l’atelier comme couturiers. Je me suis informé par rapport aux textes et lois pour faire face à ces taxes. Je me suis affiliée à la FEC pour avoir les informations et pallier à ces tracasseries qui devenait une entrave pour mon travail.

Il faut dire aue j’ai conjuguais beaucoup d’efforts pour organiser mon atelier avec des rendez-vous fermes par rapport à la livraison. Cela m’a valu la confiance que j’ai gagnée auprès des clients contrairement à ce qu’ils constataient dans les autres ateliers de couture. Et, j’ai aussi présenté ma collection au cours d’un défilé de Mode.

50MAWSP : Quel est votre secret de réussite ?

E.N.S : Pour réussir dans l’entrepreneuriat, il faut du courage, de la détermination et la volonté ; une maxime dit : « vouloir c’est pouvoir »

Dans le domaine de confection mon secret reste ma spécialité que j’aie car, je suis également couturière de formation et fournisseuse de matériels de couture

50MAWSP : Quels conseils prodiguez-vous aux femmes entrepreneures et celles qui aspirent à l’entrepreneuriat en RDC ?

E.N.S : J’encourage les femmes entrepreneures de la RD Congo. Elles doivent persévérer et surtout, spécialiser dans le domaine précis c’est très important 

50MAWSP : Trois mots d’encouragement ?

E.N.S : La Vision

            Le Travail

            La Détermination.